C’est quoi le Drishti ?

Encore un truc bizarre de yoga auquel vous êtes complètement hermétique : c’est quoi le drishti dont parle ce prof pendant tout le cours ?
Il dit « drishti sur le nez », et paf, tout le monde, hyper discipliné regarde droit devant, l’air concentré. Evidement, pas le moment idéal d’interrompre le cours pour demander une explication.
Alors une session de rattrapage express de drishti s’impose !!

Le Drishti for Dummies

Vous est-il déjà arrivé dans un cours de yoga, en posture la tête en bas, que votre regard se perde, qu’il glisse d’un côté de l’autre, éventuellement vers le tapis de votre voisin, le trouvant plus confortable que le vôtre. Trouvant que votre pédicure part complètement en live ou bien encore que les moutons qui trainent sous votre canapé nécessiteraient bien un coup d’aspirateur… C’est à ce moment-là, précisément, que vous devez faire appel au Drishti !

La définition du Drishti : c’est la concentration du regard sur un lieu ou un endroit du corps pendant l’exécution d’une posture lorsque celle-ci est maintenue pendant plusieurs respirations.

Les, et non pas LE, drishtis du coup, sont les points de fixation du regard. Ils différent donc tout naturellement selon les postures.
Ainsi à chaque pose, un point de regard est associé. Respecter ces fixations du regard permet à l’esprit de se centrer et favorise ainsi une meilleure concentration.

L’intérêt de la direction du regard

Dans la pratique du yoga traditionnel, les yeux sont ouverts lors des postures. Il serait impensable de conduire une voiture ou un vélo sans regarder sa route ?! Et bien en yoga c’est pareil, on regarde la direction vers laquelle on va, sinon … c’est le drame !

Ainsi appliquer les drishtis permettent de bien aligner le corps lors de chaque position.

L’exemple le plus évident est dans la posture du Guerrier II Virabhadrasana 2, de regarder son majeur sur la main à l’avant de l’asana. Ainsi toute la force est concentrée, le souffle régulé et la posture maintenue.

Ils permettent aussi de garder l’équilibre dans une posture scabreuse, telle que la demi lune.
Et aussi de rester dedans quand elle s’intensifie, surtout au niveau où les muscles commencent à chauffer. La chaise Utkatasana me semble un exemple parfait qui saura parler à tout le monde (pour ma part, mes élèves hurlent dès que je prononce ce mot !!) puisqu’en se concentrant sur ses pouces dirigés vers le ciel on en oublierait presque tout l’engagement que nécessite cette posture.

Les anciens textes indiens disent que les yeux sont les portes du mental. S’ils sont fixes, le mental reste fixe.

Par ailleurs, on retrouve aussi dans la méditation ces points vers lesquels on tourne notre regard, tel qu’Ajna, le 3ème oeil.
Ici, ils permettront de calmer le mental pour s’installer dans ce moment.

Les bienfaits du Drishti en yoga

En plus de permettre de guider votre pratique posturale le Drishti a des vertus et des bienfaits. Encore une belle raison de l’intégrer à votre pratique.

• Développe la concentration
  
• Améliore la direction des flux nerveux
  
• Donne du mouvement aux fascias, c’est à dire les tissus conjonctifs qui enveloppent nos muscles.

Les différents Drishtis

Les drishtis sont au nombre de neuf. On est pas obligé de les connaitre pour faire du yoga et sauf cours avancé ou Asthanga, l’enseignant vous donnera la direction de votre regard.
Pour plus d’exotisme, je vous les mets dans le texte. Et surtout parce qu’à présent vous êtes bilingue grâce à ma première leçon de sanskrit ?!

• Nasagra Drishti : pointe du nez (ex : Uttanasana – Pince debout)
• Angushthamadhya Drishti : les pouces, mains jointes en prière (ex : Virabhadrasana 1 – Guerrier I)
• Brumadhya Drishti : troisième œil (ex : Matsyasana – le poisson)
• Nabhi chakra Drishti : nombril (ex: Adho mukha svanasana – le chien tête en bas)
• Urdhva Drishti : vers en haut, l’infini du ciel (ex : Ardha Chandrasana – la demi lune)
• Hasta Drishti : main (ex: Trikonasana – Triangle)
• Pāda Drishti : orteils (ex : Paschimottanasana – la pince)
• Parshva Drishti : au loin à gauche ou à droite, en torsion (ex : Matsyendrasana – demi posture du seigneur des poissons !!)

Le yogi fixant son énergie visuelle entre les deux sourcils, égalisant les inspirations et les expirations qui cheminent à l’intérieur du nez, est maitre de ses facultés sensibles, de ses facultés mentales et intellectuelles. Et tend ainsi vers la délivrance, affranchi du désir, de la colère et de la peur, il est libéré à jamais.

Bhagavad Gita V. 28

Votre regard ainsi aiguisé, je vous souhaite une belle journée.
Cheers,
Delf

La Sélection Drishti